Le marquis d' Apchier
habitant au château de Besques près de Charraix, menait depuis
longtemps la chasse à la bête avec les gens de ses terres
et c'est au cours de celle du 19 juin 1767 que Jean Chastel tua la bête
(de sexe mâle). Un procès verbal conservé aux archives
nationales et rédigé le 20 juin 1767 par maître Marin,
notaire royal de Langeac, nous renseigne de la manière suivante
:
-"Monsieur le Marquis
d’Apchier ayant fait transporter cet animal à son château
de Besques, paroisse de Charaix nous avons jugé a propos de nous
y rendre pour en faire la vérification et étant au château
de Besques Monsieur le Marquis D’Apchier nous a fait représenter
cet animal qui nous a paru être un loup ; Mais extraordinaire et
bien différent par sa figure et ses proportions des loups que l’on
voit dans ce pays. C’est ce que nous ont certifié plus de trois
cent personnes de tous les environs qui sont venues le voir : plusieurs
chasseurs et beaucoup de personnes connaisseuses nous ont effectivement
fait remarquer que cet animal n’a des ressemblances avec le loup que par
la queue et le derrière, sa tête comme on le verra par les
proportions suivantes, est monstrueuse ! Ses yeux ont une membrane singulière
qui part de la partie inferieure de l’orbite venant au gré de l’animal
recouvrir le globe de l’oeil. Son col est recouvert d’un poil très
épais d’un gris roussâtre traversé de quelques bandes
noires ; il a sur le poitrail une grande marque blanche en forme de coeur,
ses pattes ont quatre doigts armés de gros ongles qui s’étendent
beaucoup plus que celles des loups ordinaires, elles ont ainsi que les
jambes, qui sont fort grosses, surtout celles de devant, la couleur de
celles du chevreuil, cela nous paru une observation remarquable parce que
de l’avis de ces mêmes chasseurs
( mot rayé
dans le texte), personnes connaisseuses et de tous
les chasseurs on n’a jamais vu aux loups de pareilles couleurs. Il est
encore paru apropos d'observer que ses côtes ne ressemblent pas à
celles du loup ce qui donnait à cet animal la liberté de
se retourner aisément, au lieu que les côtes des loups étant
obliquement posées ne leur permettent pas cette facilité.
Les proportions que
nous avons fait prendre de cet animal sont :
Longueur depuis la racine
de la queue jusqu' au sommet de la tête, trois pieds : ( 99
cm)
Depuis le sommet de la tête
jusques entre les deux grands angles des yeux six pouces : ( 16,2
cm)
Des grands angles des yeux
jusqu' au bout du nez, cinq pouces : ( 13,5 cm)
Largeur d’une oreille a
l’autre, sept pouces : ( 18,9 cm)
Ouverture de la gueule,
sept pouces : ( 19 cm)
Largeur horizontale du col,
huit pouces six lignes : ( 22,9 cm)
Largeur des épaules,
onze pouces : ( 29,7 cm)
Largeur a la racine de la
queue, huit pouces six lignes.
Longueur de la queue, huit
pouces : ( 21 cm) ???
( alors
que la queue est toujours décrite comme trés longue ? Y aurait-il
là une erreur de transcription ?)
Diamètre de la queue,
trois pouces six lignes.
Longueur d’oreille, quatre
pouces six lignes.
Largeur du front au-dessus
des oreilles, six pouces : ( 16,2 cm)
Distance entre les deux
grands angles des yeux, deux pouces six lignes.
Longueur de l’humérus,
huit pouces quatre lignes.
Longueur de l’avant bras,
huit pouces.
Longueur de la dernière
articulation jusques aux ongles, sept pouces six lignes.
Longueur de la machoire,
six pouces : ( 16,2 cm)
Largeur du nez, un pouce
six lignes.
Largeur des maxillaires
inférieures, un pouce trois lignes.
Longueur des incisives,
un pouce trois lignes.
Longueur des maxillaires
inférieures, six lignes.
Longueur des maxillaires
supérieures, un pouce une ligne.
Longueur de la langue, quatorze
pouces depuis la racine : (37,8 cm)
Largeur des yeux, un pouce
trois lignes : ( 3,3 cm)
Epaisseur de la tête,
sept pouces.
Jambes de derrière,
de la première à la seconde articulation, sept pouces deux
lignes.
de la seconde à la
troisième articulation jusqu'aux ongles, dix pouces.
Largeur des pattes, quatre
pouces six lignes.
De la châtaigne au
bout de la patte, six pouces.
( 1 pied = 33 cm,
1 pouce = 27.07 mm, 1 ligne = 1/12 de pouce, soit 2.25 mm.)
La mâchoire supérieure
est garnie de six dents incisives. La sixième étant plus
longue que les autres: Deux grandes lanières ou crochets éloignés
des incisives et de la hauteur d’un pouce quatre lignes d’un diamètre
de six lignes : trois dents molaires dont une assez petite et deux grosses,
une quatrième molaire plus grosse que les autres et à laquelle
est presque unie la cinquième et avant dernière qui est divisée
en deux parties dont une s’étend perpendiculairement et l’autre
s’allonge horizontalement dans l’intérieur du palais, et enfin une
sixième molaire. La mâchoire inférieure est garnie
de vingt deux dents, savoir six incisives, et de chaque côté
une lanière semblable aux supérieures, sept molaires, la
première très petite et éloignée de la lanière,
les trois suivantes sont plus grandes et semblables à la 2°
et 3° molaire supérieure, la cinquième plus grosse et
longue est divisée en trois parties dont l’antérieure est
moins longue, la sixième assez grande a deux éminences antérieures
et latérales, la septième est trés petite et presque
égale."(....)
"Ils nous ont aussi fait
remarquer que cet animal, depuis la patte de devant jusqu'à l'épine,
a la hauteur de 2 pieds 4 pouces
et que ses yeux sont de
la couleur rouge cinabre (rouge vermillon)."
Deuxième témoignage,
provenant des Archives Départementales du Puy-de-Dôme : Une
lettre écrite d'Auvergne à Mr le comte de ***, au sujet de
la destruction de la vraie bête féroce qui ravageait le Gévaudan.
-"Monsieur de la M***
(...) fit son examen. Il observa que la tête était monstrueuse,
d'une forme carrée, beaucoup plus large et plus longue que celle
du loup ordinaire, le museau est un peu obtus, les oreilles droites et
larges à leur base, les yeux noirs et garnis d'une membrane saillante
trés singulière.
C'était un prolongement
des muscles inférieurs de l'oeil. Ces membranes servaient à
lui recouvrir à volonté les 2 orbites, en se relevant et
se glissant par-dessous les paupières.
L'ouverture de la gueule
était fort grande, les dents incisives semblables à celles
d'un chien, les grosses dents serrées et inégales, le col
trés large et court, garni d'un poil rude, extrêmement long
et touffu, avec une bande transversale noire descendant jusqu'aux épaules,
le train de derrière assez ressemblant à celui d'un loup,
excepté l'énorme grosseur, les jambes du devant plus courtes
que celles du derrière, plus levrettées que celles d'un loup
ordinaire et couvertes, ainsi que le devant de la tête d'un poil
fauve, ras et lisse, précisèment de la couleur de celles
d'un chevreuil, le poil du corps fort épais et long, d'une couleur
grisâtre tachetée de noir.
L'animal avait sur la poitrine
une grande tache blanche, ayant la forme parfaite d'un coeur." (...)
"Nous prîmes la résolution
de la décharner pour conserver son squelette. (...)
Ce que nous remarquâmes,
avec étonnement, c'est la tête. Aprés avoir levé
les téguments communs, nous aperçûmes une crête
osseuse qui commençait à l'occipital. Elle avait environ
15 lignes de hauteur et se terminait insensiblement sur le frontal, toujours
en diminuant. Nous enlevâmes une masse de chair musculeuse pesant
plus de 6 livres qui recouvrait les pariétaux.
Ces muscles terminaient
leurs attaches à la mâchoire inférieure et aux yeux.Lorsque
toutes ces parties charnues furent enlevées, cette tête, si
monstrueuse dans l'état naturel, n'offrit qu'une boîte osseuse
un peu plus grosse que le poing." (...)
de Langeac,
ce 6 juillet 1767.
Sources : "La Bête
du Gévaudan" par François Fabre, édition complétée
par Jean Richard. Edition De Borée. 2002.
Reconstitution
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Le soldat mesure 1,70 m.
La Bête mesure :
longueur (sans la queue)
: 99 cm
longueur de la tête
: 29,7 cm
hauteur au garrot : 77 cm
ouverture de la gueule :
19 cm
longueur de la mâchoire
: 16,2 cm |
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